Ce soir, il y a avait comme un vent d'interdit qui flottait dans l'air. Un danger sous-jacent qui rendait chaque action un peu intense, un peu plus forte. De l'adrénaline dans les veines à la place de la came que je pouvais parfois m'enfiler dans ces moments où j'avais juste besoin de m'éloigner, de partir, de m'échapper de ces lieux où régnaient la loi du plus fort. Comme à notre habitude, Lina et moi étions de sortie. Cette fois, un grand bal avait été organisé dans les quartiers de nos chers privilégiés et nos contacts avaient réussi à nous avoir des invitations. Il suffisait pour moi de changer de peau, de devenir cet homme séduisant et mystérieux qui charmait les femmes tout en leur subtilisant habilement leurs bijoux ou leurs minutes. Parfois même, elles me les donnaient sciemment, si je me montrais suffisamment convainquant. Le plaisir pour moi résidait dans ce processus de séduction, d'approche de mes proies, d'observation, pour ensuite me faufiler à leurs côtés. Jamais je n'utilisais la violence avec elle, jamais je n'avais eu à le faire. Je préférais de loin les belles paroles. Facile quand on était aussi cultivé que moi. Mémoire d'éléphant, intelligent, qui pourrait deviner quel est mon monde en réalité? Mon compteur était habilement caché. Tout comme ces cicatrices d'une vie passée dans la rue. Parfois, certaines femmes me faisaient des remarques, surtout lorsque nous nous retrouvions seuls... J'avais toujours réussi à éluder les questions, à leur faire oublier leurs interrogations pour leur offrir un plaisir bien mérité. Je soupirais doucement tout en sirotant mon verre de champagne. Il régnait une atmosphère putride d'arrogance et de snobisme dans la pièce, ce qui était digne de la caste des riches. Mes pupilles claires se posèrent sur l'assemblée, avant de s'arrêter sur une silhouette que j'avais déjà aperçue dans d'autres soirées du même type. Plissant les yeux, j'étudiais la jeune femme, ses déplacements, les personnes qui l'entouraient. Car elle était entourée. Plus que d'autres peut-être. Des hommes qui ne la lachaient pas du regard par exemple. Gardes du corps? Voilà qui devenait intéressant. Il était dangereux de se frotter à certaines personnes... Mais Lina n'était pas là pour me raisonner et j'avais envie de viser gros aujourd'hui. Allure nonchalante mais fière, je me rapprochais doucement d'elle. Tel un gentleman que je savais être, je finis par me pencher vers elle et lui murmurer: "Puis-je vous offrir un verre? A moins que vous ne soyez déjà accompagnée?..." Je demandais l'air de rien, avec cette insolence caractéristique de mon état. Attrapant un verre sur un plateau qui passait, je lui tendais le verre dans un sourire charmeur. Première approche. La balle était dans son camp. Si je me souvenais bien, la jeune femme avait du caractère. J'espérais juste être à la hauteur pour me la mettre dans la poche.