Orphea n'avait pas grandit paisiblement. Son père, mourut d'une crise cardiaque sous yeux alors qu'elle n'avait que dix ans. Il s'était tué au travail, avait donné son âme dans le labeur qui lui donnait la possibilité de voir évoluer sa fille unique. Depuis sa naissance, Orphea avait entendu qu'il fallait travailler, que la vue n'était qu'une lutte acharné pour se voir exister. Depuis toujours la gamine avait été conditionnée par cette manière pensée, perdue au milieu des débris et du taudis dans lequel elle habitait avec ses parents qui ne faisaient pas partie des âmes privilégiées. Quelque part, elle les avait toujours envié, ces gens qui n'auraient jamais à se soucier du temps qui passait, imperturbable, ramassant les coeurs fatigués sur son passage. Angoissée par l'avenir, elle avait trouvé du réconfort dans les yeux d'Adam et Noa. Ils étaient très vite devenus ses pillier, ses repères dans cette vie qui la faisait vaciller. Ils étaient trois gosses dressés contre le monde qui cherchait à les broyer. Ils s'étaient tenus tous les trois dans l'enfer de ce quotidien incertain qu'ils avaient cherchés à maîtriser avec leurs idéaux et leurs caractères survoltés.

La chenille s'était enfin transformée en papillon, avec l'envie de butiner les cœurs, sentant le sien battre plus vite quand elle croisait le regard de Noa. Par manque de courage, et par peur du rejet, elle n'avait jamais rien dit à ce sujet.

Les années allant, elle s'était finalement laissée tomber dans les bras d'Adam qui avait réussi à lui faire oublier les images de Noa qui valsaient dans son esprit. Pour autant, elle n'avait jamais pu faire abstraction de ce baiser qu'elle lui avait donné alors que celui-ci était parti avec ce jeune homme qui devint son petit ami. Orphea travaillait beaucoup, reprenant le bar de son père entant que barmaid, donnant quelques minutes à sa mère qui n'en avait jamais assez. Puis, lors d'une soirée, craquant sous la pression, le cerveau en ébullition, elle s'était abandonnée dans les bras protecteur de Noa. Elle s'en voulait de ne pas regretter d'avoir trompé Adam. Elle s'en voulait de penser autant à lui. Puis, son petit ami moura.

Elle sombra dans la déprime, le cœur meurtri, déchirée par sa perte qu'elle portait en elle comme un fardeau, persuadée que c'était le résultat de ce mensonge, de cette faiblesse qu'elle n'avait jamais pu lui avouer avant qu'il rende l'âme. Orphea, elle avait donné son âme au diable suite à ça, noyant son chagrin et ses minutes dans la drogue, pour oublier la douleur de sa perte et aussi, pour oublier Noa et ses lèvres qui avaient caressés les siennes.